(Jules Agbodjèman convoqué ce jour à la brigade de gendarmerie)
Annie Léwan
Faut croire que le musèlement des libertés est désormais de mise. En tout cas, les informations qui nous parviennent ne sont pas de nature à rassurer sur le sujet. Cette fois, après les hommes politiques, les syndicalistes, c’est ce corps spécifique de la société civile, qu’on appelle grogneur, qui est dans l’œil du cyclone. En effet, un des membres de la confrérie, très connu pour ses dénonciations et ses prises de position contre le régime du Changement est convoqué ce jour à la gendarmerie. On lui reproche d’avoir participé à une arnaque à la grogne. Selon les informations, le grogneur Jules Agbodjèman aurait tenté d’extorquer des fonds chez un citoyen sous la menace de le dénoncer dans ses grognes. Ce dernier, sous l’impulsion du gouvernement aurait porté plainte contre le grogneur à la gendarmerie. C’est donc face aux gendarmes que cet ancien policier, très impliqué dans la défense des droits de ses concitoyens, devra répondre. Or, il ne faut pas s’en cacher, ces derniers temps, il serait hasardeux de croire qu’il s’agit là d’une simple convocation. Pour tout dire, rien ne prouve qu’il n’y ait pas derrière cette plainte une machination pour mettre hors d’état de grogner Jules Agbodjèman. Ce qui fonde cette réflexion réside avant tout dans les dernières interventions du grogneur qui ont été franchement contre le régime du Changement et sa tendance au musèlement qu’il a récemment étalé en interdisant à tour de bras les marches dans l’affaires Dangnivo . Mieux, bien avant cette décision, le régime de Yayi avait souhaité une omerta, soi-disant pour les besoins de l’enquête, dans l’affaire ICC-services. Or tout le monde sait que les grogneurs, ne sont pas astreints au silence, même si les journalistes qui les encadrent dans le cadre des émissions de grognes, essayent de sauver les meubles. Jules Agbodjèman est de ceux qui disent tout, et il n’est pas à exclure que c’est pour le faire taire qu’il a été convoqué.