Annie Léwan
Les députés, diront-ils la messe de Boni Yayi avec sa mise en accusation par la majorité de l’Assemblée ? En tout cas, il faut s’attendre au pire, même si habilement Mathurin Nago, le président de l’Assemblée a joué cette fois de la montre pour éviter de débattre du sujet au cours de la plénière qui a eu lieu hier. Ainsi, pour ne pas avoir à ouvrir la boite de Pandore, pourtant attendue de tous, Nago Mathurin a préféré reporter le débat de la recevabilité de la mise en accusation du chef de l’Etat au vendredi prochain. Une façon désespérée d’offrir l’opportunité à Boni Yayi de rattraper si possible, une situation qui de toute évidence lui échappe chaque jour un peu plus. En effet hier, le président de l’Assemblée nationale a informé les députés que le bureau se pencherait sur la requête de mise en accusation du chef de l’Etat, vendredi prochain. Ce qui offre à Boni Yayi, le temps d’aller demander pardon, s’il le faut, aux instigateurs de cette mise en accusation, pour éviter le pire. Car même Nago, conscient de ce qu’il est sur ce coup, minoritaire, comprend que la partie est perdue et que seul un retour en arrière de la machine pourrait sauver son patron de l’infamante accusation. Cela d’autant plus qu’au sein du bureau de l’Assemblée, il n’a que très peu de marge de manœuvre, parce que proprement quadrillé par des députés ayant signé le document de la mise en accusation de Yayi. Désormais, ces quelques heures gagnées pourront espère-t-il secrètement, offrir au Chef de l’Etat, l’opportunité de rassurer son monde et surtout de profiter de ce temps, de ce léger répit, pour se rapprocher des siens et désamorcer la bombe qui se prépare.