Il est de notoriété publique que la marche de Yayi contre la corruption dans les premiers mois de sa mandature s’est enlisée depuis longtemps quelque part dans les sables mouvants de la corruption. Les nombreux cas de malversations ou d’accusation de corruptions qui fleurissent ça et là sont des indicateurs de ce que la machine est grippée.
Les thuriféraires du Changement les plus assidus reconnaitront que la gabegie, l’escroquerie à grande échelle, le vol et la corruption ces 3 premières années ont battu tous les records pour peu qu’ils veuillent être francs. Le Changement après cette fameuse marche improvisée s’est embourbé et s’est fortement enraciné dans le crime économique. C’est donc face à ce tableau peu reluisant et connu de toute l’opposition qu’il a fallu prévoir une échappatoire.
Mouiller le pétard avant qu’il n’explose
L’objectif étant de se dédouaner et même de s’accorder une nouvelle virginité avant 2010, année charnière avant les élections de 2011. Selon certaines sources, 2010 est une année qui s’annonce comme celle de tous les déballages. L’opposition autrefois hésitante aurait mis la main sur une série de dossiers explosifs et compromettant qui ne manqueraient pas d’exploser à la figure du Changement et principalement de son prince si aucune anticipation n’était envisagée. C’est pour prévenir cette déflagration qu’il lui a été conseillé d’entreprendre lui-même le désamorçage de ces scandales dont la déflagration lui serait inévitablement fatale dans l’opinion. En tête de liste, la Cen-sad mais encore l’escorte, les micros finances etc…
Vider les collaborateurs indélicats ou non pour se faire beau
Pour bien faire, rien n’est exclu, surtout le sacrifice des collaborateurs les plus proches, histoire de distraire l’attention des plus assoiffés de justice et d’équité. Ainsi, l’exercice qui consiste à limoger tous azimuts les ministres soupçonnés de malversations convaincus ou non, est une pure parade politicienne dont le but est de réduire les dégâts que pourraient avoir ces différents scandales sur la notoriété du chef de l’Etat. Aujourd’hui, il est indéniable que beaucoup d’actes répréhensibles ont été commis par les acteurs du Changement et Yayi n’est pas prêt à en endosser les conséquences. Il envoie donc ses ministres jouer les rôles de fusibles ou de coupe-circuit afin d’éviter que les conséquences ne rejaillissent sur sa personne. Une attitude qui répond à un besoin de survie au sommet de l’Etat dont la hantise est d’être épingle par l’opposition à un moment où il n’aurait pas le moyen de se défendre.
La stratégie consiste à devancer les dénonciations et leur attribuer une filiation propre à chaque ministre ou directeur. Tout cela en impliquant Yayi le moins possible. En somme, le Chef de l’Etat n’est au courant de rien, il ne risque d’ailleurs pas, ce sont ses ministres qui sont en faute. Une nouvelle virginité et surtout une réputation de pourfendeur de la corruption, qui pourrait éventuellement lui servir de faire valoir.
Eric Tchiakpè